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Libération
Critique

MUSIQUES DU MONDE. Où l'on retrouve un vétéran de l'afro-world en bonne compagnie. Bebey l'inclassable au Fest'Africa lillois .

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publié le 10 novembre 1995 à 10h25

Francis Bebey et Ray Lema,

Fest'Africa ce soir à 20h30 à l'Opéra de Lille; Francis Bebey sera en trio avec ses fils à Paris, au Hot Brass le 1er décembre, 20 h.

Francis Bebey est le Nègre le plus dérangeant qui soit. Il nous balance avec un grand sourire les clichés «bon Banania», histoire de rigoler, il jongle entre les extrêmes de sa double culture, enfant des villes africaines et directeur (repenti) de la musique à l'Unesco, quitte à parfois déraper un peu dans ses volte-face. Ecrivain, musicien, musicologue, fan de Bach, journaliste, pygmée, jongleur, il change de style à chaque nouvelle (la Lune dans un seau tout rouge, chez Hatier), et à chacun de ses albums.

En trente ans de carrière musicale, il a été le précurseur discret de plusieurs genres. Ses rencontres de guitare flamenco et de flûte pygmée, dérision et gravité mêlées, ont inspiré la jeune génération world. Ses conversations de Betty Boop africaines au coin des marchés, ses grooves de forêt, n'est-ce pas déjà les Zap Mama? Un album comme Akwaaba (Original Music/distr. Night and Day) n'a-t-il pas précédé de dix ans une certaine tendance «néotraditionnelle» actuelle? Et son humour ne lui permet-il pas d'exprimer, bien avant que cela ne devienne de saison, des émotions contradictoires comme l'attachement ambigu des Africains à leurs «envahisseurs bien-aimés», ainsi qu'Alpha Blondy appelle les Français?

Mais Bebey, disque après disque, jette ses idées pêle-mêle dans des productions brouillonnes, chassant d'un revers de