Des ballons argentés flottent dans la fumée en lisière de la piste de danse. Une cinquantaine d'invités naviguent autour du bar. Ce soir frisquet de novembre, à Rennes, c'est la «rave nuptiale» de Philippe Pascal, ancien chanteur de Marquis de Sade. Deux jeunes types s'affairent aux platines. Dans la salle un peu vide, la techno mitraille les tempes. Les époques se croisent. Alan Stivell est assis à l'écart. Hervé Bordier saute d'une conversation à l'autre. L'organisateur des Transmusicales est passé «pour voir». Il partira le dernier, vers 5 heures du matin. La veille, il s'est couché à 4 heures: une «réunion animée» avec de très jeunes producteurs locaux. Sur le coup de la quarantaine, Bordier, que Jack Lang aurait bien vu enfiler le costard de «ministre du rock», a replongé dans la nuit rennaise. Il multiplie les rencontres, lance des idées, s'épuise à convaincre, échafaude des projets en sondant le fond de son verre. «Pourquoi est-ce que je crée des associations depuis les années 70? Mais parce qu'il n'y avait rien! La réputation culturelle de cette ville est encore surfaite aujourd'hui. Il manque toujours quelque chose. Pourquoi moi, encore moi? Parce que j'aime construire des histoires avec les autres. Pour moi, les artistes ne sont pas loin de l'endroit où je vis. J'ai toujours voulu aider les créateurs du voisinage.»
Quand il dort, on ne le réveille pas. Qu'on joue de la trompette ou qu'on l'embrasse dans l'oreille («je fais le mort, j'aime assez qu'on s'occupe de moi