Un maniaque qui aime l’improvisation. Jafar Panahi a acquis dès l’enfance l’art de captiver son auditoire.
Quand il évoque ses premiers souvenirs de cinéma, Jafar Panahi, 35 ans, revoit d’abord quelques silhouettes dans le brouillard de la tendre enfance «pas grand-chose en fait, un homme de haute taille, un couple, un duo comique», et puis tout un marché de photos de star et de chutes de pellicule dont il faisait collection.
Aller au cinéma est une activité de garçons, les filles n’ayant pas le droit de sortir: «Parfois, mes soeurs me donnaient leur argent de poche pour que j’aille voir un film à leur place. A mon retour, je devais leur raconter l’histoire. Il fallait qu’elles soient convaincues si je voulais qu’elles me reconduisent dans cette fonction, alors, à chaque représentation, j’étais un peu plus enthousiaste, je chantais les chansons. Elles aimaient surtout les films indiens, qui ne m’intéressaient pas vraiment, il m’arrivait souvent de mentir, je me débrouillais avec les bouts d’histoire que j’avais entendus à droite à gauche. J’inventais le film. Quand elles sentaient que je disais n’importe quoi, elles me dénonçaient à mon père, qui alors entrait dans une colère noire.»
Dès 12 ans, Jafar Panahi entre en contact avec l’Institut Kanoon et s’initie au cinéma iranien à travers ses principaux représentants, Mehrjui, Taghvai, Kiarostami. Pendant son service militaire, il est envoyé sur le front de la guerre contre l’Irak, où il réalise un premier documentaire. De reto