Noir lumière, rétrospective de Pierre Soulages au musée d’Art
moderne de la ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, tél.: (16.1) 53.67.40.00, jusqu'au 23 juin.
Il y a presque dix ans, Pierre Soulages, alors âgé de 66 ans, présentait une exposition personnelle dans Libération. Elle consistait à remplir une page, la page 29 du numéro daté 22-23 novembre 1986, de quatre grandes bandes noires horizontales. Et, même sur un support moins propice aux nuances de tons que la toile tendue sur châssis, même sur ce papier journal réputé salissant, le noir n'apparaissait pas monochromatique. Il proposait des incidents, des accidents qui faisaient de sa lecture un événement. L'article que le peintre écrivait noir sur blanc ne le cédait en rien, en effets d'étrangeté et de surprise, à ce que peut comporter d'évidence déroutante une information radicalement inattendue. C'était le scoop Soulages. Sa rétrospective au musée parisien en est-elle un autre? S'il faut en juger par l'arrivée, le jour du vernissage, du président de la République dans une voiture officielle (le noir des véhicules officiels est trop lisse pour rivaliser avec celui du peintre), on relativisera la portée de l'événement ou, du moins, on la mesurera à l'aune d'une reconnaissance institutionnelle.
Entourés d’une foule de photographes, d’amis, de relations, d’admirateurs et de curieux, il ne restait plus alors aux deux compères, non pas main dans la main mais côte à côte comme il sied à deux représentants éminents de l