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Libération

«Sacre du printemps» français à Tian Anmen. Demain, l'Orchestre national de France joue sur le lieu du massacre de 1989.

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publié le 16 avril 1996 à 4h07

L'Orchestre national de France (ONF) doit se produire demain à

Pékin, dans un lieu loin d'être anodin: le Parlement chinois, baptisé palais du Peuple, sur la place Tian Anmen. L'immense bâtiment d'architecture stalinienne classique, où se réunissent un fois l'an les quelque 2.000 députés chinois pour entériner les directives du parti, peut accueillir 10.000 spectateurs dans sa salle principale. Le plafond de cette immense arène, surplombée d'un vaste balcon, est constellé d'étoiles rouges.

L'idée de jouer dans ce haut lieu de la politique chinoise ­ sous les fenêtres duquel s'est déroulé, les 3-4 juin 1989, le massacre par l'armée de centaines de manifestants du «printemps de Pékin» ­ a été suggérée par l'ambassade de Chine en France «qui [leur] a fait comprendre que c'était pour [eux] un grand honneur de s'y produire», explique le délégué artistique de l'ONF, Patrice d'Ollone. «Nous n'avons manifesté aucune réticence, précise-t-il, d'autres orchestres occidentaux s'y sont déjà produits.» «Nous avions de toute façon toujours eu l'intention d'aller en Chine un jour ou l'autre», ajoute Patrice d'Ollone. Cet échange culturel, pourtant lourd de symbolique, n'a suscité aucune controverse côté français. Au contraire même, puisque l'escapade de l'ONF à Pékin est financée par le ministère français des Affaires étrangères, via l'Agence française d'action artistique (Afaa). L'ONF se rendra ensuite au Japon et en Corée du Sud.

«Depuis 1966, l'Orchestre national de France joue régulièremen