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Libération

RADIOACTIF. La voix du fou et celle du monarque

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publié le 27 avril 1996 à 3h28

Ces deux-là, incontestablement, reviennent de loin. Et leurs souvenirs aussi. C'est en cela probablement que leur Spéciale Live (Nova, lundi 20h30 et rediffusion mercredi minuit) est la plus bizarre des émissions de voyage à la radio. Tout, chez Jean-François Bizot et Rémi Kolpa Kopoul, est différent des autres. A commencer par l'approche. Pas de retour de reportage, pas d'invité témoin. C'est dans leurs parcours antérieurs qu'ils sélectionnent les étapes. Dernièrement le Cap Vert ou en ce moment la transe américaine. En guise de sons d'ambiance, c'est bien sûr, la musique. La planète est-elle prétexte au juke-box ou les disques habillent-ils beau ces drôles de guides, ni bleus ni verts? La musique, chez eux comme au cinéma, peut dire n'importe quoi. Plus qu'une preuve documentaire sur laquelle conclure, plus qu'un phénomène qu'on prolonge d'un commentaire, il n'y a ici ni amont, ni aval. La musique est une expression divagatrice, une suspension de séance, un équivalent acoustique des yeux dans le vague. Elle convient donc tout à fait à ce duo animé sans équivalent. Bizot et Kolpa Kopoul sont appareillés et leurs voix faites pour s'entendre. L'une comme l'autre hors calibre, elles n'ont rien de ces timbres oxygénés qui débitent les infos. Elles ont une physionomie de globe-trotter, toutes deux bourrées de défauts de diction, d'anomalies qui miment ou suggèrent l'usure: éteintes, cuites par la bourlingue. Comme une erreur d'acheminement, il y a des syllabes qui sortent par le