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Interview

«Je n’ai plus besoin de crier pour montrer que je suis là»

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Propos choisis de la rock star baba-punk arachnéenne du Sussex, à l’heure du «Wild Mood Swings», objectif quarante ans.
publié le 4 mai 1996 à 6h04

Bath, envoyé spécial

L’inspiration

«On s'éloigne de l'idée que l'on avait à l'époque du punk: On ne peut pas se bonifier en vieillissant. C'est possible, bien sûr que c'est possible. J'ai le sentiment que nous sommes un meilleur groupe que par le passé et ça en devient effrayant, on pourrait faire une chanson en quinze minutes et s'en contenter, il y a tellement de groupes qui font ça aujourd'hui.

Musicalement, je n’ai jamais peur de voir mon inspiration s’assécher, le problème ne s’est jamais présenté. Par contre, en ce qui concerne les textes, c’est une inquiétude permanente. Ecrire m’est de plus en plus difficile. J’ai mis un temps fou pour les paroles de cet album. En partie à cause de la paresse, mais aussi par manque de motivation, j’ai un problème d’ambition, j’ai l’impression d’avoir atteint un plateau. Pour cet album, j’ai écrit 20 textes, il y en a peut être 5 dont je suis satisfait. Ça semblait facile quand j’étais plus jeune. Je n’avais pas dit grand-chose, j’avais encore le sentiment que mon point de vue était singulier. Aujourd’hui, je n’ai plus ce même souci d’être entendu. A l’époque de 17 Seconds, de Faith, je m’isolais pour écrire, parce que c’était pour moi la seule manière de communiquer. Je me sens moins en colère. Plus besoin de crier pour montrer que je suis là.»

Le point d’équilibre

«J’ai eu ma période écrivain quand j’habitais un rez-de-chaussée à Londres. Une période sinistre. J’étais vraiment triste, largué, je me disais: Si tu n’écris pas maintenant, tu ne le feras jamai