Il y a deux jours, il présentait Trees Lounge, son premier film de
réalisateur, hier il faisait une brève apparition (suffisante pour nous combler) dans Kansas City de Robert Altman, demain il sera l'un des kidnappeurs bousillés des frères Coen dans Fargo. Ces apparitions multiples devraient enfin permettre à Steve Buscemi de se faire connaître sous son vrai nom, et non plus sous le pseudo de truand que lui avait mijoté Quentin Tarantino dans Reservoir Dogs: Mister Pink, le radin sur les pourboires qui râle en réunion de hold-up parce que «Mister Pink, ça fait un peu tantouze.» Un surnom qui avait le mérite de graver l'inoubliable visage de vrai cave de Steve Buscemi. C'est Bill Sherwood le premier qui lui fit jouer le rôle d'un musicien malade du sida dans Parting Glances, puis il y eut Abel Ferrara (le Roi de New York), Jim Jarmusch (Mystery Train), les frères Coen (Miller's Crossing et Barton Fink), Alexandre Rockwell (In The Soup), et Tom Di Cillo (Ça tourne à Manhattan). «Quand j'ai entamé le tournage de Trees Lounge, j'ai préféré ne pas trop penser à eux, sinon je me serais senti écrasé. Je n'ai jamais été inscrit dans une école de cinéma, mais j'ai suivi la meilleure en travaillant avec eux.» En dépit de ce prestigieux parrainage, il a le triomphe modeste et amusé d'un homme qui n'en revient pas d'être là. Il faut dire que rien ne laissait présager que cet ex-pompier de Manhattan allait réussir dans le métier d'acteur. Pourtant, il y songeait depuis l'âge de 16 ans, d