Sans vouloir lui porter la poisse, et à moins d'un outsider de la
25e heure, Daniel Auteuil compte parmi les favoris dans la course à la palme du meilleur acteur. Ne serait-ce que d'un simple point de vue mathématique: présent dans deux films de la sélection officielle, il double forcément ses chances. Dans le film d'André Téchiné les Voleurs , il est Alex, le flic lâche, frère d'Ivan, le voleur courageux. A cet homme qui avance bardé de certitudes en sachant qu'il a toutes les raisons de douter, Auteuil accorde ce regard morne de poisson froid du type qui laisse filer sa vie. André Téchiné avait le premier décelé les trésors d'accablement dont l'acteur est riche: «Grâce à André, j'explore les paradoxes entre la vie d'un homme et la vie d'un adulte.»
Avec le Huitième Jour de Jaco Van Dormael, il passe la vitesse supérieure et s'immerge dans le petit monde asphyxiant d'un cadre sup flippé. Un personnage qui est comme un vieil ami pour Auteuil, qui se coltine les angoisses du quadra pour la troisième fois au cinéma (après Quelques Jours avec moi de Claude Sautet et l'épatant Romuald et Juliette de Coline Serreau), mais un ami qu'il reconduit poliment à la fin de chaque tournage: «La psychologie du personnage, j'en ai rien à foutre, il n'y a pas de normalité.»
De toute façon, le film de Van Dormael amenait Auteuil vers un autre enjeu que son simple travail de comédien, qu'il aime à définir comme celui d'un plombier: «Quand il y a une fuite, on m'appelle, j'arrive.» Il lui a fallu