L'oeuvre de Pisanello est le témoignage le plus accompli de
l'extraordinaire foisonnement artistique qui a gagné l'Italie du Nord dans la première moitié du XVe siècle, aux débuts de la Renaissance. Formé peut-être à Venise par Gentile da Fabriano, il a participé à la renommée grandissante de Vérone dont un autre artiste, Stefano da Verona, a pu également compléter sa formation.
C'est à Stefano que l'on doit l'importation d'influences venues du Nord, de la Lombardie, de la France et de l'Empire surtout. Elles ouvrent sa propre conception de l'art d'une manière décisive: il lui doit le climat courtois dont il sait imprégner les scènes et les personnages, vêtus richement, ainsi que son intérêt pour la faune, les scènes de chasse. Mais tandis que Stefano da Verona est sensible au caractère décoratif des costumes ou des coiffes, Pisanello s'efforce de les reproduire avec précision. De Stefano à Pisanello, on passe d'un monde des formes précieuses et ornées, héritées du gothique septentrional, à l'observation attentive des êtres et des choses.
Des jalons nous manquent selon toute évidence, qui rendraient intelligible le parcours menant Pisanello à cette prise de distance vis-à-vis de Gentile da Fabriano, dont l'art scintille des derniers feux du gothique courtois, et vis-à-vis de l'art que l'on pratiquait à Vérone à l'entrée du XVe siècle. Ces jalons se situaient peut-être dans les fresques perdues de Mantoue et de Pavie. La Vierge allaitant du Louvre est traitée selon ce modelé d