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Portrait

Ella Fitzgerald, «la première dame de la chanson»

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A l’instar de Piaf, elle transcendait le genre musical qu’elle incarna. D’où sa popularité hors catégorie.
publié le 17 juin 1996 à 6h51

Ella, elle l’avait, «ce petit supplément d’âme» qui avait tant impressionné Berger. Mais si elle était ainsi devenue pareil symbole, sujet d’une des chansons françaises les plus célèbres de ces vingt dernières années (numéro un en Allemagne, troisième vente européenne de l’année 1988), c’est précisément qu’Ella Fitzgerald, l’une des grandes vocalistes de ce siècle (avec Edith Piaf, Oum Qalthoum, Bessie Smith et ses deux rivales directes, Billie Holiday et Sarah Vaughan...), ne se contentait pas d’être une diva du jazz.

Devenue une figure véritablement populaire, fréquentant depuis 1938 les hit-parades et le répertoire pop, elle fut ainsi, en 1964, la première interprète de musique «sérieuse», à reprendre une chanson des Beatles. Mieux, elle fit de sa version swing de Can't Buy Me Love un tube qui la rendit aussitôt sympathique à la génération rock navrée par la condescendance à côté de la plaque du A Hard Day's Night déclamé par Peter Sellers. Déjà, en 1957, à l'occasion d'un ébouriffant enregistrement live de son classique Lady Be Good, elle saluait un genre qui ne pouvait que parler à cette fille du Sud, maîtresse du rythme gorgée d'énergie: «I want to rock, I want to roll.»

En 1976, Stevie Wonder lui rendait hommage en même temps qu'à Duke Ellington, dans le fameux Sir Duke: «With a voice like Ella's ringing out/ There's no way the band can lose» («Avec la force de la voix d'Ella/ Cet orchestre n'a rien à craindre»). Et de fait, c'était vrai. Son surnom, «The First Lady of