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Critique

FESTIVAL DE MONTPELLIER. Le metteur en scène René Koering a de bonnes idées mais échoue à transcender le banal opéra. Koering ne rencontre pas l'«Arlésienne» de Silea. L'«Arlésienne» de Francesco Silea, par l'Orchestre philharmonique de Languedoc-Roussillon, choeur de la Radio-Télévision de Riga, dir. Enrique Diemecke, m.s. de René Koering, ce soir (22 h) dans la cour Jacques-Coeur; tél.: (16) 67.61.66.82

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publié le 22 juillet 1996 à 7h59

Le festival de Montpellier a introduit le concert ambulant dans sa

programmation: pendant six jours ont eu lieu avec des jeunes interprètes du Conservatoire national supérieur de Paris, les récitals transportés ici et là à dos de camion dans les quartiers et la banlieue.

Ce n'était pas la même légèreté qui présidait samedi soir, à l'exhumation de l'Arlésienne de Francesco Silea, un opéra oublié malgré ­ ou à cause de ­ l'emprunt au théâtre édifiant d'Alphonse Daudet. L'oeuvre, en fait, a pour elle des justifications historiques ou musicologiques. D'abord, elle fut créée et portée par Enrico Caruso. Elle a aussi contribué à asseoir le genre vériste italien, d'un réalisme à faire pleurer dans les chaumières, avec Mascagni, Zandonai ou Puccini. Avec cette Arlésienne, on est au coeur du Lyrico Business italien de la fin du siècle dernier, celui qui provoqua la révolte des nouveaux compositeurs, les Respighi, Malipiero, Dallapiccola qui replongèrent aux racines du madrigal pour y reprendre souffle.

Refaire entendre l'oeuvre dans le contexte de Montpellier, spécialiste de cette archéologie, est plausible. Mais peut-être pas au point d'en risquer une mise en scène. L'Arlésienne, avec son parti pris d'écriture qui consiste à évoquer l'héroïne sans la faire apparaître, ne se prête pas tellement à l'opéra. Le livret est misérabiliste, lardé de prétention moralisatrice. Le compositeur peut bien faire le choix d'un crescendo, piano pour les deux premiers actes, cataclysme sonore pour le d