De la nature de la gravité fut composée par Georges Aperghis en
1980, mais ne trouva jamais interprètes à sa mesure. Trop compliquée. Aujourd'hui, cette pièce de théâtre musical est enfin montée. Non pas par une troupe d'experts mais par une poignée de jeunes interprètes rassemblés à Banff, au Canada, pour le festival d'été de ce centre artistique assez particulier (lire ci-contre). De la nature de la gravité a été présentée avec une autre pièce de théâtre musical créée à La Rochelle en 1974, De la nature de l'eau. On ne pouvait rêver meilleur jumelage, avec, qui plus est, une tentative d'adaptation en anglais assez probante.
Les deux pièces sont de la même facture, éparpillant des mots de Léonard de Vinci entre des inventions phonétiques, marquant la récitation de caractères imprévus et de sonorités impossibles percussions, piano mais la Gravité est plus élaborée en terme d'association entre musique et théâtre. De la nature de l'eau véhicule une sensualité d'avant les encyclopédistes, quand le monde ne faisait qu'un. De la nature de la gravité est double. L'idée est identique, mais Georges Aperghis la fait fonctionner d'une manière symbolique. Les formules de Leonardo sur le mouvement et le temps, Georges Aperghis les projette sur la musique, sur le monde musical, centré sur le chef d'orchestre, avec un métronome à la place du coeur.
L'oeuvre n'est pas seulement plus ironique que sa cousine, elle est plus dense, plus construite, puisque dans l'absurdité des superposition