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Libération
Critique

53e MOSTRA. Si Doillon échoue à lever toutes les contraintes de son sujet dans «Ponette», l’Irlandais maîtrise toujours la contestation dans «Carla’s Song». Loach prend les Contras à rebours.

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Mostra de Venisedossier
publié le 3 septembre 1996 à 22h52

Premier film français à être présenté en compétition, Ponette de Jacques Doillon laisse un sentiment de malaise. L’histoire est celle d’une petite fille de quatre ans qui apprend la mort de sa mère et qui se persuade qu’elle peut rentrer en contact avec elle. Les adultes lui ayant expliqué que sa maman était montée au ciel auprès de Jésus, Ponette s’adonne avec ferveur aux prières à genoux et invocations magiques et ne cède pas aux silences de la chère disparue ni aux quolibets de ses camarades. Doillon ne démord pas non plus de ce voeu unique de communiquer avec l’au-delà à travers le désir et la solitude de l’enfant. Ponette est donc, superficiellement, un tour de force, le pari réussi de ne tourner qu’avec des «acteurs» en bas âge. Doillon s’est donné tout un système de contraintes: comment parler de la mort par enfant interposé et, qui plus est, à sa manière, c’est-à-dire extrêmement dialogué et scénographié. Si Victoire Thivisol dans le rôle de la fillette est impressionnante, on reste cependant dubitatif quant au thème et au point de vue adoptés. En effet, Doillon paraît ici vouloir régler des questions personnelles sur la foi, sur ce qui restera de nous après le prévisible enterrement: âme, mort-vivant, statue pourrie? D’où les soliloques chagrins de Ponette, ses conversations quasi-théologiques de cours de récré avec les copines qui font un peu l’effet d’une Ecole des fans pour orphelines surdouées avec les bons mots qui font sourire les adultes pâmés.

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