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OPERA. En prenant de salutaires libertés avec cette oeuvre rabâchée du répertoire, l'Opera Factory de Londres offre un anticonte de fées social, assez convaincant. L'anti-«Flûte» de David Freeman. La Flûte enchantée, m.s. David Freeman, les 6, 8, 11, 13, 15, 18 et 20 septembre, Queen Elizabeth Hall, Londres. 44.171.378.10.29.

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publié le 11 septembre 1996 à 22h28

Face à un ouvrage aussi visité que la Flûte enchantée, quelques

manipulations ou quelques formules magiques ne sont pas superflues pour essayer d'en tirer un peu de neuf. Dans cette nouvelle production d'Opera Factory, compagnie londonienne connue depuis une dizaine d'années pour son décapage lyrique, c'est d'abord l'effectif qui est modifié. Dans l'orchestre, un pianiste se substitue aux cordes, dont il ne reste plus que le quintette de base. Les dix chanteurs quant à eux se partagent les rôles . Une économie pour les tournées, certes, mais aussi une immixtion dans le domaine musical des conceptions du metteur en scène et patron d'Opera Factory, David Freeman.

Plus que de gros préalables théoriques, le court spectacle donné dans l'après-midi de la première représentation, au Queen Elizabeth Hall, disait assez bien dans quelle direction le metteur en scène entendait tirer l'opéra. Le spectacle était donné par des amateurs, homeless de Londres sans doute installés dans cette zone entre deux gares de Charring Cross et de Waterloo, qui encadrent la Tamise et le South Bank Center, là où l'Opera Factory est installé. Poèmes et chansons, mis en forme en une semaine avec l'aide d'une chanteuse d'Opera Factory et un guitariste, laissaient peu de doute sur l'antihéroïsme, l'anticonte de fées de l'option Freeman. Un rond de piste de cirque, des hommes et des femmes hésitants sous le voile très transparent de la musique, c'était ­ involontairement, car ce projet social n'avait rien d'une