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Portrait

Todd Solondz, Dawn c'est lui. Le réalisateur de «Bienvenue dans l'âge ingrat» a puisé, pour créer le personnage décalé de son héroïne Dawn, dans sa propre enfance.

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publié le 11 septembre 1996 à 22h29

Todd Solondz est la clé de Bienvenue dans l'âge ingrat. Le cas de

figure du premier film autobiographique a beau être un grand classique, il n'a jamais été aussi vrai que dans le cas de ce jeune réalisateur new-yorkais trentenaire. Si aujourd'hui il semble assumer avec une assurance tranquille son allure de «nerd» (en français, premier de la classe à lunettes) branché, on imagine aisément, en regardant son visage d'adulte, les cataclysmes faciaux qui ont pu empoisonner son adolescence. Et même s'il a choisi de raconter son histoire du point de vue de Dawn, une fille de 12 ans, moyenne en tout, on ne peut s'y tromper: Dawn, c'est Todd.

«Il me semblait qu'on prendrait davantage au sérieux les premières émotions romantiques d'une fille, précise-t-il. Et puis, à cet âge-là, les filles mûrissent plus vite que les garçons dans certains domaines. Par exemple, la sexualité prend déjà de l'importance dans leur vie, alors qu'elle n'en a aucune ou presque chez les garçons. Il faut dire que moi, à cet âge, j'étais particulièrement lent, et j'avais tout le temps l'impression, en écoutant les filles, que les choses m'échappaient complètement. Et puis j'aime cette idée d'avoir prêté à Dawn des comportements brutaux et un regard acide: ça va à l'encontre des idées reçues, en tout cas au cinéma, sur les comportements féminins. Ca doit être ma perversité naturelle...»

Une perversité, sans doute, par rapport à l'avalanche des bons sentiments poisseux, pain quotidien du film hollywoodien de base