Reinbert de Leeuw («Delou») n'est pas un nom musical très usité mais
il possède cette familiarité qu'on réserve aux cas étranges. On a déjà vu ce nom quelque part. Sur la pochette d'un surprenant disque de sonates de Georg Antheil, sur un autre des Gymnopédies de Satie, proprement incomparable, dans une exécution vraiment expressive de Gorecki, avec Barbara Sukowa pour l'un des plus forts Pierrot lunaire existant...
Tous ces disques reflètent bien l'attitude du chef d'orchestre et pianiste hollandais, âgé de presque 60 ans, Reinbert de Leeuw: exigeant, embrassant la musique hors des choix et des interprétations rebattues. Reinbert de Leeuw vient à Paris pour diriger la musique de Claude Vivier, un autre inclassable, Canadien, mort étranglé à Paris en 1983, à 35 ans. Reinbert de Leeuw a rencontré la musique de Claude Vivier grâce à Gyorgy Ligeti, dont il dirigeait le concerto pour violon. Ligeti a proposé de jouer une pièce pour voix et instruments de Claude Vivier, Lonely Child, en complément de programme. «Vivier fait partie de ces quelques voix qui changent votre idée de la musique. La sienne ne ressemble à aucune autre: totalement homophonique, formée de mélodies amplifiées par l'orchestre entier, sans contrepoint. C'est un seul souffle. Un musique très directe, que l'on peut ressentir sans être familier avec le répertoire contemporain. Mais c'est très difficile à jouer. La simplicité n'est qu'apparente. Les sonorités instrumentales sont métamorphosées constamment, il fau