La manifestation consacrée en 1986 par le centre Georges-Pompidou à
Vienne 1880-1938 était sous-titrée l'Apocalypse joyeuse. Aujourd'hui, c'est dans l'ancienne capitale de l'empire austro-hongrois que se tient une exposition encore plus ambitieuse, consacrée à ce qu'on pourrait appeler la protohistoire de cette Apocalypse. Sous le titre le Rêve du bonheur, elle livre un panorama particulièrement représentatif de ce qu'on a nommé «l'historicisme».
L'historicisme est un retour à des styles du passé. Les Romains ont utilisé les formes inventées par les Grecs. Les architectes du XIIe siècle se sont inspirés de l'art antique, tout comme ceux de la Renaissance, même si l'Antiquité choisie n'était pas tout à fait la même. Ce qui distingue l'historicisme du XIXe siècle, c'est que, cette fois, le répertoire dans lequel on puise se trouve singulièrement élargi: tous les styles du passé sont convoqués, de l'Antiquité au rococo en passant par les arts roman, gothique, classique et baroque. Et ces styles sont adaptés à des fonctions précises: à l'université de Lille, la faculté des sciences humaines est conçue en style classicisant, celle de théologie catholique en style gothique.
Cet historicisme semble avoir apporté la réponse éclectique à toute une société dont elle contribue à structurer l'identité. Après le Congrès de Vienne (1814-1815) et les révolutions de 1830 et 1848, conscience nationale, sociale et individuelle se trouvent modifiées. Il s'agit notamment de conférer une cohésion