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Jésus rock'n'roll star

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Nashville, la capitale du country, est aussi devenue celle du rock chrétien: les groupes y prônent l'amour de Dieu et les valeurs familiales. Une quête qui rapporte: leur audience s'agrandit et les majors creusent le filon.
publié le 5 novembre 1996 à 2h05

Nashville envoyé spécial

L'heure du concert approche. Les employés du club s'agenouillent en cercle sous un panneau où sont punaisés en coupures grossières les récits de faits divers plus ou moins sanglants. «Je voudrais soulever un problème, dit un jeune homme efflanqué, crâne rasé, est-ce qu'on leur laisse danser le pogo?» «Pas question. Interdiction absolue!», entend-on d'abord. Puis un responsable à voix douce: «Laissez-les faire un peu, mais ouvrez l'oeil" s'il y a des problèmes, si les parents appellent, vous vous expliquerez avec eux"» Sur ces mots, le cercle se resserre, on sort la Bible. Le maître des lieux s'allonge pour embrasser le sol et lancer la prière («Merci Jésus, j'espère que tu seras dans le club ce soir»).

Look grunge et musique fracassante. Dehors, à la faible lumière d'une impasse de zone industrielle, patiente la foule ordinaire des teenagers de grande banlieue, un peu punk, vaguement grunge, piercés des lèvres aux sourcils, mines chagrines, casquettes rabattues, t-shirts flottant aux genoux. Vers 20 heures, les portes s'ouvrent sur une vaste salle traversée de tubulures métalliques, semée d'écrans vidéo et zébrée de lumière blanche. De la cabine du DJ, maquillée en vaisseau spatial, descend une musique fracassante façon Nine Inch Nails. Il faut un moment, parmi les cris, pour en distinguer le refrain lancinant: «Sanctifions le Seigneur.»

C'est la nuit «alternative» dans la capitale du rock chrétien. A Rocketown, plus de 500 personnes se chatouillent les