Menu
Libération
Critique

Panofsky dans les fresques de Parme. L'oeuvre de l'historien d'art est (ré)éditée. Erwin Panofsky «La Camera di San Paolo du Corrège à Parme». Trad. M.-C. Pouvesle. Coll. «35/37», éditions Hazan, 190 F. «Le Codex Huygens et la théorie de l'art de Léonard de Vinci». Trad. D. Arosse. Flammarion, 110 pp. 195 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 24 décembre 1996 à 2h37

La réception en France de l'oeuvre de Panofsky (1892-1968) mérite

d'être méditée. C'est à 1967 que remonte la première traduction d'un de ses ouvrages, et depuis cette date bien d'autres ont suivi, relatives avant tout aux travaux postérieurs à 1931, date de l'émigration de l'historien de l'art allemand aux Etats-Unis. Ont fait exception quelques articles fondamentaux de la période allemande, regroupés sous le titre du plus célèbre d'entre eux consacré à la Perspective comme forme symbolique et Idea. Les historiens de l'art français connaissaient bien sûr les travaux du professeur de Princeton, mais c'est à un philosophe ­ Bernard Teyssèdre ­ et à un sociologue ­ Pierre Bourdieu ­ que le grand public doit, dans les années 1967-1975, la diffusion des grandes études d'iconologie. Sous ce terme, qui fut employé d'abord par son maître Aby Warburg, Panofsky désignait la phase dernière de l'étude d'une oeuvre: avec la phase iconologique, on quitte le domaine de la description pour pénétrer dans celui de l'interprétation, qui apparaît comme la vraie finalité de toute étude.

Avec son petit livre sur la chambre des appartements abbatiaux de Parme décorée par le Corrège, Panofsky livre une époustouflante mise en pratique de sa méthode. Grâce à une érudition vertigineuse, il cherche à montrer que Giovanna da Piacenza, «abbesse d'exception» placée en 1507 à la tête du couvent, avait engagé une «longue bataille pour l'indépendance administrative, sociale et spirituelle» de San Paolo. Elle