Menu
Libération

Rock around Allen

Article réservé aux abonnés
Proche de Dylan, des Beatles ou des punks, Allen Ginsberg enregistra plusieurs disques.
publié le 7 avril 1997 à 1h25
(mis à jour le 7 avril 1997 à 1h25)

On n'insistera jamais assez sur l'influence des poètes beat sur l'embrasement du rock au coeur des années 60: la libération du langage, le déboutonnage social, la mise à nu des attitudes, l'incendie verbal, la poésie des êtres et du néant. Pas de Dylan sans Kerouac, de Lennon sans Ginsberg, de Jim Morrison sans Gregory Corso, de Leonard Cohen sans Gary Snyder, de Tom Waits sans Neal Cassady, de Patti Smith et de Lou Reed sans Burroughs...

Inversement, ce que recherchaient si désespérément les gens de la Beat Generation en éructant, qui hystériquement, qui sépulcralement, Howl ou Mexico City Blues, en compagnie des différents Dr.Sax bop qui s'y prêtèrent, c'était précisément ce que le rock accomplirait sans effort à partir de 1965: multiplier la force de la poésie symboliste, de l'existentialisme incandescent et du zen défoncé par la puissance physique, charnelle, du rock'n'roll, noir, pauvre, dégénéré. En un mot, la conjugaison de la taille du cerveau par celle de la bite, pour atteindre le nirvana, parce que fors l'âme, dont on peut contester cette définition, tout le reste est vanité, ou vacuité. Ainsi, Like a Rolling Stone est Sur la route, We Want The World and We Want it Now des Doors est Howl et tout Lennon/Plastic Ono Band est Kaddish. «Ginsberg est à la fois tragique et énergique, un génie du verbe, un passeur d'exception, le poète le plus influent d'Amérique depuis Walt Whitman», affirmait Bob Dylan. Plus que tout autre, Ginsberg avait compris combien la réciproque