Poursuivie en diffamation par quinze écrivains qui l'accusaient d'avoir retiré leur livres de la bibliothèque du lycée de Saint-Ouen-l'Aumône (Val-d'Oise), la documentaliste Reine Chairkhaoui a été relaxée hier de ce chef d'accusation par le tribunal correctionnel. Mais elle a néanmoins été condamnée au civil à verser 1 franc symbolique à trois auteurs (Elisabeth Bourgeois, Jean Tulard et Jean-François Chiappe), après des déclarations jugées «diffamatoires» faites au Monde.
En décembre 1996, la documentaliste et des enseignants avaient révélé un certain malaise dans un lycée relativement tranquille, après la découverte dans le centre de documentation et d'information (CDI) de livres décrits comme «une série d'ouvrages soit dangereusement révisionnistes et xénophobes, soit défendant des thèses monarchistes, ultranationalistes, faisant l'apologie des crimes de guerre». Selon son avocat, Reine Chairkhaoui avait «voulu alerter l'opinion sur le dysfonctionnement d'une bibliothèque scolaire, où la pluralité des idées ne semble pas être respectée». Mais, à partir d'avril, des auteurs (notamment Jean Dutourd), des éditeurs et même des politiques, sur la foi d'une liste alphabétique d'écrivains allant d'Alain Peyrefitte à Guy Sorman, avaient protesté contre l'«exclusion» de certains ouvrages de la bibliothèque du lycée. Après une intervention de François Bayrou, alors ministre de l'Education, les ouvrages avaient été replacés dans les rayons.
Le 29 avril, jour du procès, Me Varaut (qui