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Libération
Critique

L'art comme un jeu

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A Rotterdam, les oeuvres sont exposées sur un échiquier géant.
publié le 4 août 1997 à 7h57

La vaste salle carrée est transformée en échiquier. Les 64 cases noires et blanches disposées sur le sol sont occupées, pas toutes loin s'en faut, par des tableaux ou des objets. Les premiers ­ de Mondrian, Bruegel, Kandinsky, Van Eyck, Rembrandt, Fontana" ­ sont placés sur des cimaises peu élevées, les seconds ­ argenterie, vaisselle, poste de télé ­ sur des socles: même en l'air, comme c'est le cas pour une suspension de cintres de Man Ray, chaque chose est dans sa case. Certaines oeuvres occupent des postes plus avancés, d'autres plus lointains de l'entrée: mais en tout cas, toutes vous font face, frontalement, librement, comme détachées du mur qui les porte habituellement. De sorte que la première vision de l'exposition est à la fois inédite et spectaculaire: elle embrasse d'un seul coup d'oeil, simultanément, toutes les oeuvres exposées et pourtant autonomes, nettement séparées. Il est temps, ensuite, de mettre le pied sur (ou à) l'échiquier.

Si la qualité de «chefs-d'oeuvre» apparaît assez rapidement (notamment au vu des cartels), la disposition semble obéir à une règle dont il n'est guère évident de percer le secret: pourquoi sur la même ligne de cases, figureraient Chaise de Gerhardt Richter (1965), Intérieur de l'église Saint-Jean à Utrecht de Saenredam (XVIIe), la Tour de Babel de Bruegel (1563), et Reproduction interdite (1937) de Magritte? Mais doit-on regarder les oeuvres rangée par rangée? Ou, suivant le modèle échiquéen que vous foulez aux pieds, faut-il imagin