Montréal, de notre correspondant.
C'est une colline anonyme dans la toundra québécoise à 1 300 km au nord de Montréal et à 100 km au sud de la baie d'Ungava. Sur son flanc couvert d'épinettes, une tache noire et les restes d'un petit hydravion accrochent le regard. C'est là, dans le Grand Nord, en bordure de la rivière des Mélèzes où ils tentaient de se poser, que le cinéaste Jean-Claude Lauzon et sa compagne, la comédienne Marie-Soleil Tougas, sont morts dimanche.
Le Québec est depuis en état de choc. Les télés rediffusent comme une litanie les images du site. La même douleur, la même empathie nationale avait déjà été ressentie à la mort du pilote Gilles Villeneuve en 1982, ou après la disparition du chanteur Félix Leclerc en 1988. C'est l'expression du caractère familial, inexorablement paroissial de la société québécoise.
A preuve: avant même le réalisateur de Un zoo la nuit et de Léolo, c'est Marie-Soleil Tougas, bien connue à l'heure de leurs repas, que pleurent aujourd'hui les Québécois. Il faut dire qu'ils ont vu la jeune femme de 27 ans littéralement grandir à la télévision dans les «soaps» locaux où elle avait débuté à peine adolescente. Ils l'ont vu animer une émission de vulgarisation scientifique pour enfants, puis Fort Boyard, et s'impliquer dans des téléthons et des campagnes publicitaires. C'est ce parcours qui explique que les anonymes ne cessent depuis lundi de déverser leurs pleurs sur les ondes.
Cette fois, il y a plus: un décor, des personnages, des circonsta