De tous les nouveaux artistes soul à être apparus cette année, Lewis
Taylor est le plus imprévisible. Anglais, blanc, son premier album éponyme présente une influence évidente de Marvin Gaye, dans les intonations, les arrangements ou même la structure des morceaux. Se prétendant autant marqué par Brian Wilson et Jimi Hendrix, Lewis Taylor jouait du piano à 4 ans et de la guitare à 8. A 31 ans, il a passé toute sa vie à jouer et écouter de la musique et ce premier album, sorti de nulle part, a été retardé des années car, si on en croit l'intéressé, il ne savait pas ce qu'il voulait faire.
Très réussi, ce coup d'essai perpétue la grande tradition des «artistes à albums» des années 70, sans se limiter à un simple exercice nostalgique. Lewis Taylor est remarquable par sa faculté de renverser les formules toutes faites de la composition. Ses morceaux volent au jazz une capacité à s'envoler à tout instant, avec des structures riches en ponts, croisements et impasses. Un titre comme Lucky ne prend forme qu'à la quatrième minute, sensiblement comme Track et Betterlove, avec leurs fausses intros. Le son de Lewis Taylor est aussi divers et il sait trouver le juste équilibre entre vrais batteries et boîtes à rythmes, guitares et synthés. Tout ceci contribue au collage d'un album triste et original, qui se termine sur Spirit, un des plus beaux a capella jamais enregistrés.
Vous êtes un multi-instrumentaliste et vous produisez tout vous-même" C'est une façon un peu démodée de faire de la m