Los Angeles correspondance
Jusqu'à son ouverture hier, le Getty Center n'aura été qu'une gerbe de chiffres jetée à la face du monde. Huit institutions en une, quatre cérémonies d'ouverture, un milliard de dollars dépensé, etc. Même les journalistes sont sommés de fournir des chiffres, leur numéro de Sécu, pour le privilège d'une visite en avant-première. L'isolement du lieu, son accès et ses centres nerveux high-tech rendent évidemment les mesures de sécurité en partie compréhensibles. «Die Hard at the Getty!», a le culot de titrer ce mois-ci le magazine local Buzz, allant jusqu'à commander à six scénaristes des synopsis de films catastrophes prenant pour cible le beau campus immaculé de Richard Meier. Signe que Hollywood voit le Getty moins comme un apport appréciable à la «vie culturelle» de Los Angeles que comme un «landmark» de plus que Bruce Willis pourra sauver des flammes ou des chantages terroristes.
Qu'il faille, pour parler du Getty, passer outre ce barrage de chiffres (et de rancoeur et d'envie) sied tout à fait à une institution qui doit son existence à un Picsou devenu Père Noël à titre posthume. Si on pouvait encore se gausser des goûts de l'excentrique magnat du pétrole quand J. Paul Getty était vivant (et il s'est fait amplement foutre de lui avec sa villa romaine à Malibu), cela fait bien longtemps que personne ne rit plus devant les ressources insensées dont dispose le Getty Trust. Les 700 millions de dollars (4,2 milliards de francs) en actions légués par Ge