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Libération
Critique

ROCK. L'alter ego de John Lennon détaille sa vie dans un livre hagiographique qui contient quelques révélations et pas mal d'anecdotes savoureuses. McCartney raconte ses Beatles. Many Years from Now par Barry Miles et Paul McCartney (Secker & Warburg).

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publié le 30 décembre 1997 à 14h44

L'autobiographie est toujours une justification, une tentative de

redressement: de faits, de torts, de tête, d'image. Elle a généralement deux motivations également narcissiques. L'une, compilatoire: souligner le nombre de choses fascinantes accomplies par l'auteur et dont certaines auraient pu être mal connues; l'autre, révisionniste: réécrire l'histoire à son avantage.

Paul McCartney n'échappe pas à ce syndrome. Même si Many Years from Now n'est pas exactement une autobiographie, mais une biographie hagiographique racontée, commentée, orientée, par le plus gros vendeur de disques de l'histoire à un ami de plus de trente ans, Barry Miles, fondateur de la librairie Indica et du magazine underground IT (International Times), son objectif reste clair: rétablir une balance penchant lourdement en faveur de John Lennon et, ce faisant, démontrer combien sir Paul est ce que les Américains appellent «un homme de la Renaissance», qui a toujours fréquenté le monde des arts et de l'esprit, ce qu'ici on nomme «les intellectuels».

Vacheries pour Yoko. Il y parvient en partie, sans irriter excessivement. Principalement parce qu'il a l'intelligence de toujours valoriser son alter ego écorché, de se donner la peine de le comprendre, même dans leurs plus mauvais moments, et de disséquer leurs méthodes de travail de façon suffisamment précise pour que l'intérêt de l'éclairage l'emporte sur les quelques coups de griffe. On comprend en particulier comment les problèmes personnels de John (névrose