Les Japonais disent «Garçons». Les Français «Comme des», et les Anglo-Saxons «Comme». Comme des Garçons, la Nasa de la mode, l'un des derniers laboratoires menés par Rei Kawakubo. Née en 1942 à Tokyo, elle a lancé la marque en 1969 après des études de philosophie. Elle est à la fois la plus et la moins respectée de l'univers de la mode. La plus respectée, parce qu'elle ne laboure que des terres où la machine à coudre n'a jamais mis l'aiguille. La moins, parce que le résultat est toujours au minimum déroutant dans une industrie qui se contente aisément de tailleurs stretch et qui confond kitsch et avant-garde. En fait de pointu, Rei Kawakubo l'est tellement qu'elle n'est même plus au bord de la falaise, cela fait longtemps qu'elle en est tombée et qu'elle nage dans des eaux inconnues. Au large du cap Horn de l'ourlet.
Chacun de ses défilés est un morceau de bravoure. On n'y scrute pas la perruque d'Elton Bougie-dans-le-vent-John. Mais chaque communiqué de Comme annonce une nouvelle avancée vers le futur, vers le jamais vu, jamais fait, jamais porté. Il y a quelques saisons encore, il y avait des top models, mais aujourd'hui cela vire au happening archi-concept qui laisse perplexe quand on se dit que ce ne sont que des fringues. Lors du dernier en date, la foule était assise en rond et regardait les mannequins défiler lentement un à un sur de la musique boing-boing contemporaine, loin des sonos de boîte de nuit des confrères. Le vêtement présenté était du multicouche coercitif,