C'est un principe: Mark Hollis refuse d'être pris en photo. Le
bureau de presse de Polydor ne possède de lui que deux malheureuses diapos en noir et blanc. C'est qu'après dix ans à la tête du groupe anglais Talk Talk, qui a traversé les années 80 avec cinq albums ayant suscité à la fois le respect de la presse et le confort des hit-parades, Mark Hollis a fait le tour du cirque humiliant de la pop. Autant la musique de Talk Talk a su produire des hits dramatiques et commerciaux à la fois, comme Life's What You Make It, Such a Shame et It's My Life, autant la production du dernier album éponyme de Mark Hollis semble à des années-lumière de ce qui est aujourd'hui considéré comme moderne.
Si le pouvoir de la musique contemporaine est d'envahir les vies, même de ceux qui veulent lui échapper, Hollis se complaît dans un mutisme rare. «Je me sens complètement détaché de la pop ou du rock. Ce n'est pas que la musique d'aujourd'hui m'aliène, c'est que je ne sais tout simplement pas ce qui est produit actuellement. La seule radio que j'écoute est Radio 4, qui se limite à des débats. En fait, je n'écoute que du jazz ou de la musique classique du XXe siècle.»
Rudimentarité. Vu son background, Mark Hollis aurait très bien pu faire partie de ces musiciens qui ont pris le maquis dans les années 90 en produisant sous de faux noms des disques de house. Mais c'est le chemin inverse qui l'a attiré, celui de l'acoustique et de l'intimité. Son album de huit titres seulement est accompagné de minus