Bangkok de notre correspondant
La crise économique en Thaïlande a sa musique: le luk thung, littéralement la «musique des rizières». Ses mélodies sirupeuses et faciles à fredonner résonnent aujourd'hui partout dans les villages, mais aussi en ville, dans les taxis, les centres commerciaux, les restaurants, sur le petit écran" A peine lancée, en août dernier, radio FM 90, qui diffuse les chansons luk thung 24 heures sur 24, est devenue en quelques mois la station la plus écoutée du pays, avec 30 millions d'auditeurs quotidiens, soit la moitié de la population. Crise économique et crise d'identité expliquent ce retour aux sources musicales, au détriment de la pop occidentale. «Les sentiments nationalistes qui découlent de la campagne de solidarité "Acheter thaï, consommer thaï sont à l'origine du regain de popularité du luk thung», explique Jenpope Jokkrabuanwan, l'animateur le plus populaire de FM 90.
Le luk thung, auparavant méprisé par les citadins et souvent boycotté par les médias, est maintenant propulsé au premier plan des «valeurs thaïlandaises» à défendre, face à l'«universalité» de la culture occidentale, perçue de plus en plus comme un des outils du néocolonialisme économique des Farangs terme légèrement péjoratif employé pour désigner les Occidentaux. A Bangkok, la production occupe 70% des rayonnages dans les magasins de musique, et touche toutes les couches sociales et toutes les tranches d'âge. Concerts gratuits. Un samedi après-midi. Une foule hétéroclite, end