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Libération
Portrait

Delon-Bebel: ennemicalement vôtre

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Portrait en rivalité des deux stars en retour de cinéma chez Patrice Leconte.
publié le 25 mars 1998 à 21h18
(mis à jour le 25 mars 1998 à 21h18)

Mais qu’ont-ils donc, ces deux-là, qui nous intrigue? Réunir au sommet d’un même casting Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, c’est l’assurance de mettre en branle un très bizarre processus neurophysiologique au fond du crâne de chaque Français en âge d’aller au cinéma depuis au moins quinze ans; c’est convoquer une foule de ciné-réflexes personnels tout en sonnant le rappel d’une mémoire collective non dite, transversale et presque exclusivement émotive. Dire de quoi est précisément fait ce précipité relèverait de la machine à décrypter le cerveau (encore à inventer) ou de la psychanalyse (encore à préciser). Contentons-nous de farces et/ou hypothèses.

Amicalement vôtre?

Comme dans le générique fameux de la série britannique Amicalement vôtre, Delon et Belmondo sont issus de généalogies absolument inverses qui pourtant les mènent au même point aujourd'hui: des monstres essoufflés et du nanan pour Guignols.

Né à Neuilly, Bébel est un enfant des beaux quartiers, un fils de famille réputé cancre, ce qui n'est jamais très grave chez les riches: l'Ecole alsacienne puis le lycée Louis-le-Grand maquilleront parfaitement tout ça. Rejeton d'un célèbre sculpteur, dont il défend la mémoire avec acharnement, il est parisien au sens bourgeois du terme. Son milieu artiste lui a permis de savoir avant Delon que l'art dramatique pouvait être chose sérieuse. D'où les cours de théâtre, le Conservatoire puis les vraies planches dans la foulée. Aujourd'hui encore, Belmondo est directeur du Théâtre des Variétés.