Equivalent de Bercy (par la grandeur), la Wembley Arena de Londres
est une salle morne, dépassée, déprimante. Il est fascinant de réaliser que 12 000 personnes ont choisi ce soir-là de venir s'amuser dans un endroit qui donne tellement le cafard. Et encore, c'est le deuxième concert complet de Lighthouse Family, le dernier groupe fétiche de la pop-soul anglaise. Fondé par Paul Tucker et Tunde Baiyewu, le chanteur d'origine africaine, le duo a provoqué la surprise en 1995, avec un premier single, Lifted, converti en tube. Le premier album, Ocean Drive, s'est vendu à 1,5 million d'exemplaires rien qu'en Angleterre set a consacré le style d'un groupe atypique, à la croisée de trente-six chemins musicaux. Leur musique pourrait rappeler le décontracté des disques de Sade et, en public, les arrangements montrent des influences Barry White indiscutables dans cette façon de recouvrir la production avec des tonnes de violons (synthétiques). Mais, d'un autre côté, la caractéristique de Lighthouse Family est de faire affronter des mélodies typiquement anglaises (le duo est de Newcastle) avec la voix hybride de Tunde. Ce dernier est un chanteur tout en finesse, d'une maigreur assez artistique, qui chante d'une façon presque parlée, très éloignée de la tendance actuelle du R & B qui voudrait que toute la gamme musicale soit recouverte d'un sirop vocal. Chez lui, le phrasé est lent, posé, et c'est peut-être là qu'on trouve certaines influences africaines. Sur scène, il est timide et manqu