Montréal, de notre correspondant.
Il était la mémoire du mouvement révolutionnaire québécois. Pierre Vallières s'est éteint mercredi soir, à l'âge de 60 ans. Evoquer Pierre Vallières, c'est replonger dans le Québec du Mouvement de libération populaire et du Front de libération du Québec (FLQ). Cet autodidacte, fils d'un ouvrier de chantiers ferroviaires élevé dans une banlieue pauvre de Montréal, en a été l'un des principaux idéologues. Evoquer Vallières, c'est effectuer un retour dans le Québec des attentats à la bombe qui, dans les années 60, secoue sa torpeur et la «grande noirceur» entretenue par l'Eglise et le régime de Maurice Duplessis. La province s'émancipe en conjuguant «Révolution tranquille» (celle du Premier ministre libéral Jean Lesage) et aspirations à une révolution socialiste portée par une guérilla urbaine.
Libraire à l'université de Montréal puis journaliste au quotidien la Presse, Pierre Vallières fonde en 1964 la revue Révolution québécoise. Le ton est donné. Celui qui estime que «la sécession (du Québec) en elle-même est une mesure à combattre si elle n'est pas nécessitée par l'établissement d'une économie de type socialiste» passe sa vie à mener de front ses activités de journaliste et de militant pour la défense des démunis. Journaliste militant. Il devient ainsi codirecteur de la revue Cité libre, fondée par des intellectuels libéraux réformistes comme Pierre Elliott Trudeau qui, une fois Premier ministre du Canada, promulgue en octobre 1970, après