Nous y voilà presque. A San Francisco, un après-midi de décembre, la
concierge du Warfield Theater est à deux doigts d'intercepter ce Jude qu'on cherche obstinément à localiser. Il est plus d'une heure du matin en France. Dans la salle de concert, face aux fauteuils vides, Chris Isaak commence ses répétitions. Le ténébreux Jude ouvre tous les soirs pour le crooner de Stockton dont il se rapproche par l'obsession mélodique et le falsetto. Il voyage presque seul avec sa guitare et traîne, à cette heure, comme une âme en peine dans la proximité des coulisses. Enigme à LA Après quelques minutes d'attente, grésillements sur la ligne, conversation hachée, il est établi qu'il n'y a pas de combiné dans la salle et que personne ne descendra les trois étages qui séparent de la loge. Jude, ce coeur brisé de Californie qu'on vient à peine de remarquer, nous échappe déjà. Un chassé-croisé de fax, e-mail et coups de fil cellulaires entre les bureaux parisiens et californiens de la Warner, entre Maverick, le label de Madonna qui a signé la jeune promesse et son manager qui parcourt l'Europe en compagnie d'Alanis Morrissette, ne donne que du vent. Le rendez-vous dans sa ville de Los Angeles où la tournée avec Chris Isaak s'achève, trois jours plus tard, au Pantages Theatre, monument glamour des années 30, n'est pas bouclé à temps. Le chanteur, encore anonyme et déjà surprotégé, reste une énigme. C'est aussi bien. Premier album brillant, No One is Really Beautiful, chansons douces-amères, v