Menu
Libération

Le plus célèbre pianiste de jazz français est mort à 36 ans.Petrucciani, Une petite vie bien remplie

Article réservé aux abonnés
publié le 7 janvier 1999 à 23h27

«Ce n'est pas parce que ma musique plaît qu'elle est commerciale»,

avait coutume de répéter Michel Petrucciani lorsque l'on s'étonnait de l'accueil qu'il recevait aux Etats-Unis, où jamais avant lui ­ à l'exception de Jean-Luc Ponty ­ un musicien de jazz français n'avait réussi à s'imposer. Possible. Il n'est pas interdit néanmoins d'inverser la formule et d'affirmer, surtout au vu des dernières prestations du pianiste du Vaucluse, que c'est parce que sa musique était (de plus en plus) populaire qu'elle plaisait. Au point qu'il pouvait se targuer de remplir le moindre auditorium de la province la plus reculée deux mois avant la date de son concert. Sa présence à leur affiche ayant ainsi permis à un certain nombre de festivals d'équilibrer leur budget.

Fascination. Petrucciani avait beaucoup de succès. Abonné aux Victoires de la musique (1984, 1988, 1994), il accumulait les distinctions franco-françaises (prix Django-Reinhardt de l'Académie du jazz, prix Boris-Vian"), généreusement octroyées par une profession que sa personnalité fascinait. Paradoxalement, Petrucciani, même s'il avait choisi à la longue de ne plus aborder le sujet, était parfaitement lucide quant aux raisons qui lui valaient un tel plébiscite. Et le fait que son infirmité fût devenu, aux yeux du grand public, une manière de distinction, voire de privilège absurde, avait fini par le rendre passablement sarcastique. Pianiste talentueux, Petrucciani comprenait que c'était à son côté freak plus qu'à ses aptitudes à