Menu
Libération
Critique

Arts. A Paris, rétrospective en rouge et blanc d'une oeuvre obsessionnelle. Dans le sens de Raynaud Jean-Pierre Raynaud. Galerie nationale du Jeu de Paume, 1, place de la Concorde, Paris VIIIe, jeupaume@worldnet.fr. Jusqu'au 7 février. Flyer gratuit. Catalogue (250 F). Tél.: 01 42 60 69 69.

Article réservé aux abonnés
publié le 8 janvier 1999 à 23h28

Cela commence par un interdit; un panneau rouge où s'inscrivent en

blanc, la forme d'une paire de ciseaux et les lettres du mot. «Interdit». Panneau posé sur la face extérieure d'une cabane, blanche, toute blanche. Porte ouverte: dedans, c'est blanc et un peu laqué rouge. Il y a des pots, des boules, des poinçons, des balles rouges (etc.) encastrées sur un portant blanc. Il y a deux fois, côte à côte, la grande photo grisâtre d'une vieille personne, trace de moustache, cheveux blancs, mains jointes sur une blouse d'écolier, yeux condamnés d'un trait de censure blanc. Interdit. Sous la photo, du gravier sous Plexi, blanc aussi. Ainsi se présente, en guise d'antichambre à l'exposition (et d'ailleurs interdit d'accès au visiteur) l'un des Psycho-Objets de Jean-Pierre Raynaud (il s'agit de Psycho-Objet Maison, 1965). Introduction à une oeuvre placée sous le signe du panneau de circulation blanc et rouge, c'est-à-dire du «sens interdit».

oeuvres scellées. Cela, l'artiste français (né, en 1939, à Courbevoie, père mort sous les bombardements en 1943) l'a lui-même confirmé. On est en 1962, l'horticulteur qu'il est (il a passé son brevet horticole en 1958), à la suite d'une dépression nerveuse, est prêt à s'orienter vers l'art contemporain. Raynaud déclarera: «Je m'identifiais au sens interdit. Ce qui est important, c'est que j'ai choisi le sens interdit, plutôt qu'un sens giratoire ou autre. Choisir un signe, je ne veux pas dire négatif mais d'arrêt, c'est un peu ma personnalité.»