On n'imagine pas José Montalvo chorégraphe, encore moins danseur. On
ne sait d'ailleurs quel métier il pourrait exercer. Informaticien peut-être ou alors mathématicien. Mais il se trompe dans les chiffres «je vais encore me faire tirer l'oreille par le comptable», dit-il comme un enfant pris sur le fait. Chacun de ses gestes annonce une catastrophe qu'elle advienne ou non. On craint toujours qu'il ne renverse son verre, que sa crevette n'atterrisse dans l'assiette du voisin, qu'il n'écrase ses lunettes. Il pourrait être un comique qui joue de ses maladresses, un de ces grands séducteurs qui font de leurs faiblesses des armes redoutables. A moins qu'il ne soit tout simplement timide, gêné aux entournures. Mais là encore, ce que l'on suppose ne trouve pas de confirmation. Car il peut s'emballer, plus réservé du tout, arrivant à bout de souffle après des monologues où il refait le monde, où il argumente farouchement pour une simple petite idée incontestable. Dans ces cas-là, Dominique Hervieu, la première à avoir subventionné la compagnie en prêtant 10 000 francs à Montalvo qui ne sait pas s'il les a rendus, encore ce problème avec les chiffres , le regarde, amusée. Elle sait, comme si elle l'avait fait, qu'il va s'emberlificoter, retomber vaguement sur un pied, puis de nouveau s'empourprer pour convaincre un auditoire déjà rallié à sa cause. C'est ce qui fait une partie du charme de ce grand garçon brun.
L'homme qui fait danser 7000 personnes. A 45 ans, le fils d'un père a