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Libération
Critique

THEATRE. A Paris, le dramaturge russe fait l'objet d'une lecture burlesque par Michel Massé et sa compagnie. 4 Litres 12 carbure à Dostoïevski. Toïedovski «Lecture entre chiens et fous», m.s. de Michel Massé, jusqu'au 24 janvier au Théâtre de l'est parisien; tél.: 01 43 64 80 80.

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publié le 12 janvier 1999 à 23h30

Le premier cauchemar, en 1973, s'appelait Dinguerie tropicale,

d'après Witkiewicz. Vingt-cinq ans plus tard, Michel Massé, fondateur de la compagnie 4 Litres 12, s'agite toujours dans le même lit. Eternel Little Nemo barbouillé par un excès de fondue au chester, il arpente un théâtre où les décors s'effondrent, les mots se dérobent, les histoires s'emballent.

Le chaos, dès le micro" Son dernier opus, Toïedovski, lecture entre chiens et fous, est une nouvelle illustration de l'art d'être dépassé par les événements. Le titre résume à lui seul l'étendue du désarroi: le Toïedovski en question n'est qu'une approximation phonétique, l'ultime effort d'un bafouilleur incapable d'articuler correctement le nom de l'auteur de Crime et châtiment («Je voudrais vous y voir à ma place», semble dire le petit bonhomme affolé en habit noir, physique de Culbuto et coiffure de clown ­ deux grosses touffes hérissées de part et d'autre de la calvitie. Mais avant de passer à la lecture de Dostoïevski ­ on frémit déjà en pensant à la fréquence des noms propres dans les pages ­, il s'agit de régler les micros. Ce qui, dans l'univers de 4 Litres 12, se traduit par créer le chaos. Trop haut, trop bas, trop près, trop loin: en dix minutes, Massé offre une sorte de cours magistral sur les mille et une façons de se compliquer l'existence face aux objets. Il suffit de poser comme postulat que ce sont eux qui commandent et qu'il faut s'y adapter. Ainsi, plutôt que de descendre un micro, mieux vaut monter j