Le musée municipal d'art moderne de Strasbourg a été condamné à
rendre une peinture de Gustav Klimt datée de 1909, l'Accomplissement, aux enfants d'un antiquaire juif autrichien, dont la collection a disparu dans les tourmentes de la Seconde Guerre mondiale. La Ville s'est refusée à rendre cette oeuvre, en tirant argument des zones d'ombre qui entourent son histoire. Dans son arrêt, rendu lundi, le tribunal de grande instance l'a pourtant gravement mise en cause en retenant sa «mauvaise foi».
Marchand viennois. Cette grande composition (192 X 118 cm) en aquarelle et gouache, rehaussée d'or et d'argent, représente un couple enlacé. C'est un carton préparatoire à un panneau décoratif en mosaïque réalisé pour l'hôtel Stocklet à Bruxelles. Karl Grunwald, marchand viennois, était aussi ami des artistes du groupe dit de la «sécession»: Klimt, Kokoschka et Schiele. En 1938, quand l'Autriche fut annexée à l'Allemagne hitlérienne, il a expédié par précaution une cinquan-taine d'oeuvres à Strasbourg, confiées au transporteur Seegmuller. Or le cadre de la pein-ture de Klimt porte au dos un numéro «SEEG 1023», qui pourrait correspondre à ce transporteur. Entreposées à Strasbourg, les oeuvres ont disparu sous l'administration allemande, probablement dispersées aux enchères en 1942 et 43. Après la guerre, Karl Grunwald a avisé les autorités françaises de la spoliation, dans des termes assez vagues, revendiquant notamment trois Egon Schiele dont un portrait de lui. Ce Portrait de Karl Grunw