Directeur de la Comédie de Caen, fondateur de l'ex-Ballatum Théâtre,
Eric Lacascade est l'un des metteurs en scène de la nouvelle génération qui a le mieux connu Jerzy Grotowski. Il doit accueillir, ce printemps, Action, le dernier travail mené par Thomas Richards au Workcenter de Grotowski. Ni disciple ni héritier, Lacascade revient sur sa rencontre avec le maître.
«Pour moi, il était un ami, un maître, un père et un grand-père. Au début des années 80, quand nous avons fondé le Ballatum, nous vivions encore avec un certain nombre de mythes, dont Grotowski et le Living Theatre. En 1985, la compagnie a été retenue pour mener un travail de trois semaines avec Grotowski dans un château en Belgique, parmi cinq compagnies du nord de l'Europe. Le premier soir, nous avons présenté à tour de rôle notre travail, entre 21 heures et 5 heures du matin. Ensuite, c'est lui qui nous a présenté son travail. Nous avons fait des exercices, du training, et toutes les nuits, à partir d'1 heure ou 2 heures du matin, nous avions de grandes discussions. Il y avait une qualité de travail hallucinante. Une rigueur, une écoute, une présence, une exigence, une intelligence, une finesse, une sensibilité et un humour que je n'ai jamais rencontrés ailleurs. Nous nous sommes revus plusieurs fois. Il plaçait la barre à un très haut niveau d'exigence mais montrait toujours de la générosité. C'était un enseignement vivant, pas du tout théorique; chez lui, la théorisation ne pouvait passer que par l'expérienc