Derrière son comptoir, la boulangère de Mont-Saint-Aignan, dans la
banlieue de Rouen, est perplexe. «C'est déjà la fête de la musique, ou quoi?»" En face de son commerce, entre une pharmacie et une sandwicherie, la fanfare Al Harmoniah, venue de Belgique, revigore les passants détrempés. «Faire un festival de musique à Rouen au mois de janvier, c'est quand même tenter le diable!» rigole une observatrice. Mais samedi, les cuivres d'Al Harmoniah étincelaient comme mille soleils dans les premiers flonflons du festival Tranches d'Europe Express, relayé par tout le diable et son train plusieurs bataillons de beuglants: Jour de Fête, Bollywood Band, Mona Lisa Klaxon, A bout de souffle ou les stridentes cornemuses du Bagad de Keriz, seul bagad d'exilés bretons" venu de Clichy. Une orgie de fanfares pour lancer un festival qui monte, qui monte, qui monte depuis sept ans et rêve aujourd'hui de sonner le réveil des 400 000 habitants de l'agglomération rouennaise. Trente-trois communes. Tranches d'Europe Express, c'est d'abord un solo têtu. Celui d'une chanteuse interprète, Annie Coci-Dégremont qui, depuis 1993, a fait venir plus de 1300 artistes sur la scène nationale de Petit-Quevilly, dans cette banlieue rouennaise à tradition plutôt ouvrière. Sept années funambules, jusqu'à l'âge de raison d'un festival qui a fait son miel de chansons traversières et de musiques d'Europe métissées.
Confrontée l'an passé à un choix radical clore une aventure usante restée relativement confidentie