Les B'net Houariyat bousculent les clichés. Voilà des femmes du
Maghreb qui ne sont ni soumises, ni bâillonnées, percutantes. «Ecoutez ça, c'est un 7/8 qui s'enchaîne sur un 5/4, il faut le faire!», s'étonne Karim Ziad, batteur de Cheb Mami, qui a travaillé avec elles. «Les B'net Houariyat, je me sens tout petit devant elles!»
Hérité de leurs mères. Agées entre 40 et 50 ans, les «Femmes du Houara» ont formé leur groupe il y a une trentaine d'années dans le quartier de Morf, dans la médina de Marrakech. Au départ issues de familles du sud la région de Taroudant, Agadir , elles ont appris de leurs mères cette tradition exclusivement féminine, un répertoire de chants d'amour qui remonte à la nuit des temps berbères: «Amène le cheval, attelle la charrette, allons chercher la Belle"», «J'ai demandé à la lune et à l'étoile si elles n'ont pas vu mon bien-aimé"» Pour Halima, l'une des doyennes, «les chansons anciennes sont les plus belles. C'est de la poésie. Même si on ne comprend pas, ça entre dans le sang». Transplantées à Marrakech dans un contexte urbain, les B'net ont intégré à leur groupe des femmes d'origine différente, qui «ont pris [notre] musique dans leur tête et dans leur coeur» et apporté au style de nouvelles influences, notamment Haouzi. Ainsi que de nouveaux instruments, comme cette assiette de métal qu'on frappe au moyen de petites cymbales enfilées sur le pouce et l'index.
Pas de tabou. Leurs textes aussi ont changé, ou plutôt la réalité à laquelle ils se réfère