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Libération

Flash-back, l'actualité de la cinéphilie. Chabrol, Lang à la boucheLe cinéaste évoque avec Guérif ses maîtres en cinéma. Conversations avec Claude Chabrol, un jardin bien à moi par François Guérif, Denoël, 280 pp., 139 F.

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publié le 22 janvier 1999 à 23h16

On a déjà beaucoup parlé de ce livre. Notamment après l'émission

Bouillon de culture, où Chabrol a évoqué l'amitié étudiante qui l'a lié, il y a cinquante ans, à Le Pen, alors bruyant déconneur au Quartier latin. On a moins parlé de la passion du cinéma qui irrigue ses conversations avec François Guérif. Dans les années 50, Claude Chabrol a été cinéphile puis critique aux Cahiers du cinéma. C'est avec passion et la tête pleine de l'oeuvre des maîtres de l'écran qu'il est devenu réalisateur. On le sent dans ce livre.

Howard Hawks est naturellement un de ses phares: «Il est un maître à penser formidable pour les cinéastes.» Fritz Lang en est un autre. Chabrol lui a d'ailleurs rendu hommage avec un film plutôt raté, Docteur M. Ici, il livre un certain nombre de réflexions rapides mais frappées d'une compréhension en profondeur sur le metteur en scène de M le Maudit: «Beaucoup de films sont gras (ont des longueurs, ndlr). Même des films de grands cinéastes. Sauf chez Fritz Lang. Ma grande admiration de Lang vient de là. Jusqu'au jour où j'ai vu l'Invraisemblable Vérité. Là, l'absence de graisse se fait quand même cruellement sentir, et le film aurait été meilleur avec un peu plus de chair.»

«Je n'ai compris que récemment le principe langien. Maintenant, je sais que je pourrai faire un film complètement langien; en même temps, c'est un principe qui part d'un état d'esprit très profond, et c'est un état d'esprit qui n'est pas tout à fait le mien. L'idée est simple: pour Lang, l'univ