Londres de notre correspondant
La vie sexuelle de la plus grande violoncelliste anglaise, une idole dans son pays, Jacqueline du Pré, divise le monde de la musique britannique. Doit-on savoir que Jacqueline a couché avec son beau-frère, en accord avec sa soeur, Hilary, et devait-on faire un livre et un film sur cette vision généreuse d'une famille élargie? Mercredi soir, à la première londonienne du film, Hilary and Jackie, a True Story («Hilary et Jackie, une histoire vraie»), les célébrités, dont Emily Watson (Breaking the Waves) qui joue Jacqueline, ont été chahutées par quelques manifestants. En signe de protestation, deux jeunes musiciens du Royal College of Music jouaient du violoncelle et portaient une pancarte «la musique compte, pas le sexe». La veille, dans une lettre au Times, quelques très grands noms du violon et du violoncelle, dont Yehudi Menuhin, Mstislav Rostropovitch, Julian Lloyd Weber, Itzhak Perlman et Pinchas Zukerman critiquaient la vision de leur collègue portée par le film. Selon eux, «le film se concentre seulement sur la liaison qu'a eue Jacqueline avec l'époux de sa soeur et la montre égoïste, gâtée et manipulatrice». «Ce n'est pas la Jacqueline que nous, ses amis et collègues avons connue», ajoutent-ils. Dans plusieurs interviews, le violoncelliste Julian Lloyd Weber déplore que le film gomme les extraordinaires qualités musicales de Jacqueline du Pré, interprète de rêve du concerto d'Elgar, morte des suites d'une sclérose en plaque à l'âge de