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Libération
Critique

«Requiem pour Srebrenica», un spectacle choc d'Olivier PyUn cri pour la Bosnie. Requiem pour Srebrenica d'Olivier Py, jusqu'au 14 février (mar.-sam. 20 h 30, dim. 16 h) au théâtre de Nanterre-Amandiers; tél.: 01 46 14 70 00.

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publié le 22 janvier 1999 à 23h16

Le 4 août 1995, après la chute de l'enclave de Srebrenica et le

massacre de plusieurs milliers de ses habitants ­ 8 000 disparus d'après les chiffres des Nations unies ­, le metteur en scène Olivier Py entamait, en compagnie de cinq autres «gens de théâtre», une grève de la faim pour la Bosnie. Trois ans et demi plus tard, il présente ce Requiem pour Srebrenica, construit à partir de témoignages reproduits dans des articles et des livres publiés entre 1995 et 1998. C'est un spectacle choc, accusateur, dérangeant, où d'aucuns entreront à reculons. Py ne prend pas de gants pour dénoncer «le plus grand massacre qu'ait connu l'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale». Et son projet se veut aussi une piqûre de rappel contre l'oubli (alors même que l'actualité du Kosovo vient remettre l'horreur en Europe sous les yeux des Européens).

Requiem pour Srebrenica est à la fois un document historique scénarisé et une tragédie relayée par un choeur de trois femmes. Les dizaines de personnages, anonymes ou connus (des réfugiés de la ville au président serbe Milosevic en passant par le général Morillon ou le représentant de l'ONU Yasuhi Akashi) ne font l'objet d'aucune incarnation de la part des trois comédiennes (à l'exception notable de François Mitterrand, symbolisé par un chapeau et une écharpe). Anne Bellec, Irina Dalle et Frédérique Ruchaud se relaient et se repassent une parole qui tient de la partition plus que du texte de théâtre. Décor et accessoires ne versent ni dans la reconstit