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Libération
Critique

Eve à croquer. Loufoque et rageur, le film de Corsini tend vers Lubitsch. La Nouvelle Eve de Catherine Corsini, avec Karin Viard, Pierre-Loup Rajot, Catherine Frot, etc.; durée 1 h 34.

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publié le 27 janvier 1999 à 23h19

Pour son nouveau film, la Nouvelle Eve, Catherine Corsini a eu une

bonne idée. Ne pas quitter des yeux Karin Viard, actrice par ailleurs surdouée, qu'effectivement on ne devrait jamais perdre de vue. Karin est Camille, jeune femme moderne, parisienne, furieusement célibataire et complètement «maître nageuse». Ça tombe bien puisqu'on plonge tout de suite dans le grand bain du bon cinéma français.

La Nouvelle Eve est une comédie qui maintient le challenge de tous les rires (nerveux, fou, jaune, de bon coeur, etc.) sans pour autant céder à la facilité de la typologie sociale ou à la charge cynique de ses personnages. Corsini n'ironise pas, elle fait de l'humour. Nuance fondamentale qui fait que, réalisatrice, elle s'autocharrie aussi sûrement qu'elle vanne Camille qui le mérite bien.

Terriblement chiante, attachante comme une Tefal qui merde, toujours sur la brèche de déborder de tout: trop d'amour, trop de questions, trop de désirs, trop de colères. Et en même temps, on crève de la connaître. Parce qu'il n'y a jamais assez d'amours, de questions, de désirs et de colères. Pas réglo comme fille. Et il est ici important de souligner au rouge à lèvres que la Nouvelle Eve, comme une association de «malfaiteuses», est un film de filles ­ auquel se joint la chef opératrice Agnès Godard ­, parce que ce sont généralement les femmes qui aujourd'hui continuent à déranger tout le monde. Aussi bien le monde politique (l'intrusion de Camille dans une cellule du PS où elle va jouer le rôle du