On apprend la mort soudaine mais non inattendue de George L(achmann)
Mosse, l'historien américain des mentalités qui aura le plus révolutionné les études sur le nazisme et le fascisme. Né à Berlin en 1918 dans une famille de juifs allemands, le jeune Mosse avait quitté à l'âge de 15 ans l'Allemagne, au moment du durcissement par le troisième Reich des lois raciales en 1933. Passé d'abord en Angleterre, il avait étudié à Cambridge, puis émigré aux Etats-Unis, où il avait achevé sa formation de chercheur d'histoire moderne et contemporaine. C'est au cours des années 70 que l'on commence à prendre conscience de l'importance de l'oeuvre de Mosse, notamment en Italie et en Allemagne, avec la publication de la Culture nazie (1966) et de la Nationalisation des masses (1974). Mosse s'y oppose à une historiographie traditionnelle qui colporte la légende du caractère minoritaire des régimes totalitaires modernes et démontre l'adhésion en masse du prolétariat et de la bourgeoisie au nazisme et au fascisme. Pour lui, cette adhésion trouve son origine dans la crise de la raison occidentale, à la suite de l'industrialisation de l'Europe, de l'érosion de la force normative du christianisme et de l'apparition d'un «homme-masse» sans responsabilité, prêt à aliéner sa liberté. Dans son dernier livre l'Image de l'homme: l'invention de la virilité moderne (USA 1996, trad. française 1997, chez Abbeville ), George Mosse démontre la constitution culturelle de l'image de la virilité dont il retrac