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Libération
Critique

Un premier film à l'idéologie et aux audaces douteuses. «Sombre» idiot. Sombre, de Philippe Grandrieux, avec Marc Barbé, Elina Löwensohn, Géraldine Voillat, etc. Durée: 1 h 52.

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publié le 27 janvier 1999 à 23h19

Les cinq premières minutes de Sombre de Philippe Grandrieux sont un

chef-d'oeuvre. Les cent sept minutes suivantes sont une catastrophe. D'où article en forme de pied dans la porte. D'autant que se fait entendre pour ce film le tam-tam d'un engouement où l'adjectif «sublime» est le plus modéré. Au début, donc, c'est vrai, on n'en croit pas ses yeux et surtout ses oreilles. Deux ou trois plans expéditifs de paysages puis, sans transition, cut, c'est-à-dire coupant, des enfants qui hurlent, cadrés en gros plan. C'est extrêmement impressionnant parce que ça dure. Un peu de bande-son nous rassure momentanément. Ces enfants sont au spectacle de quelque Guignol et leur effroi est aussi un bonheur de rire. Mais le film serre aussitôt un boulon dans l'inquiétude. Suivent en effet des images basculées, floues, décolorées, prises au fil d'une voiture roulant dans un paysage montagneux. On se croit alors embarqué dans une expérience rare de cinéma, d'une qualité au minimum aussi puissante que celle d'un David Lynch. Et puis, débandade, agacement, ennui et, finalement, foutaise.

Il y a une histoire: celle de Jean, tueur en série qui étrangle des putes. Puis celle de Claire que Jean va aimer et épargner. Mais ça ne va pas du tout pour nous. Ni esthétiquement ni éthiquement. D'abord, les femmes. D'une part, les putes, toutes des putes, même celles qui ne le sont pas. Leurs silhouettes n'auront donc jamais droit à la qualité de personnage. D'autre part, Claire qui est une sainte, vierge de