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Libération

La Hongrie s'est remise à l'oeuvreBoom du marché de l'art"" et du trafic.

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publié le 28 janvier 1999 à 23h20

Budapest de notre correspondante

Sous le socialisme, la «rue de l'Armée-du-Peuple» à Budapest n'était qu'une modeste voie résidentielle parallèle au Danube, guère troublée par la proximité du Parlement car elle aboutit à une impasse. Depuis quelques années, marchands d'art et boutiques d'antiquités y ont élu domicile. Chaque jour, les camionnettes des livreurs chargent ou déchargent leur précieuse cargaison: tableaux, lustres en cristal ou porcelaines art nouveau. Nouvelle vitrine du libéralisme, la rue a été débaptisée après la chute du communisme ­ elle porte aujourd'hui le nom d'un éditorialiste du XIXe siècle, Miksa Falk ­ et illustre le virus qui saisit les Hongrois: la fièvre de l'art.

Inflation. Difficile, par exem-ple, de trouver une toile en dessous d'un demi-million de forints ­ un prix élevé en Hongrie (environ 15 000 F) ­ à la galerie Mü-terem, spécialisée dans les artistes hongrois de l'entre-deux-guerres tels Hugo Scheiber ou Frank Frigyes. «Le marché explose littéralement depuis cinq ans», observe la propriétaire, Judit Virag, également commissaire-priseur. Lors de sa dernière vente aux enchères, à l'automne dernier, la jeune femme n'en a pas cru ses oreilles en abattant son marteau: un tableau de Joseph Rippl-Ronai, artiste prisé de la période art nouveau, était enlevé au prix jamais égalé de 21 millions de forints (environ 570 000 F). Quelques jours plus tard, une oeuvre mineure du même artiste s'échangeait à New York pour la coquette somme de 100 000 dollars