Garder la façade des édifices anciens, mais la façade seulement,
comme un paravent désormais déconnecté d'un bâti reconstruit: la pratique, qui accompagne le développement des surfaces de bureaux, a fait florès ces dernières années. Manière de sauvegarder le paysage urbain traditionnel? Ou alibi pelliculaire d'une architecture moderne qui ne sait pas s'assumer et transforme la ville en décor creux? «Le façadisme et l'identité urbaine» sont au coeur du colloque international organisé par Icomos et le ministère de la Culture, qui se tient à la Cinémathèque française jusqu'à samedi. Petit tour d'horizon historique avec François Loyer, directeur de recherche au CNRS et animateur d'une partie des débats.
D'où vient ce terme, «façadisme»?
C'est un néologisme inventé il y a une quinzaine d'années par Dino Bumbaru (un Canadien d'origine roumaine) pour qualifier les opérations postmodernes qui se déployaient aux USA et au Canada comme en Europe: la conservation de façades anciennes en devanture d'immeubles désossés et refaits. L'aboutissement de cette logique, c'est le pastiche moderne «à l'ancienne», la façade imitation pierre de taille en béton armé, voire en plastique, comme on en voit aujourd'hui à Bruxelles, où le façadisme a servi de couverture systématique à l'extension des bureaux et a réduit la ville à un décor.
La pratique est-elle seulement liée au développement de l'urbanisation moderne?
Non. Le façadisme a des antécédents très anciens. Ce qui est surprenant, c'est le retourne